Lucky Boy (notre hommage à DJ Mehdi #1)


K-O DEBOUT. La mort de DJ Mehdi m’a laissé pantois : j’ai ressenti une grande tristesse comme si j’avais perdu un proche. D’un coup, me sont revenus une foule de souvenirs, de sons, de beats, de flashes lors de soirées dans lesquelles Mehdi mixait. Ami lecteur en lisant cela, tu peux te demander l’intérêt d’un tel post sur le ProjetMétis. C’est pourtant simple : DJ Mehdi était un métis franco-tunisien, né d’une maman noire et d’un papa blanc, qui a utilisé toutes ces influences pour bâtir son immense œuvre musicale.

Voilà ce qu’écrivait DJ Mehdi à son retour de Tunisie, où il avait enterré un membre de sa famille. (ProjetMétis a traduit le blog de Mehdi écrit en anglais http://djmehdi.coolcats.fr/2009/02/a-brief-history-of-my-time/ )

« Je suis rentré de mon ancien pays où j’ai dû aller avec toute ma famille pour assister aux funérailles. En voyageant en Tunisie dans ces circonstances particulières, j’ai beaucoup réfléchi à la migration de mes grand-parents, aux raisons qui les ont poussé à quitter leur relativement bonne situation pour venir ici en banlieue parisienne. L’immigration, spécifiquement l’immigration africaine, est toujours dépeinte comme un phénomène de masse, en cachant les aspects personnels de chacune des familles. Je crois que l’histoire de ma famille serait une mine d’or pour un documentaire et je suis presque sûr qu’il en est de même pour chaque famille.

DJ Mehdi avec sa mère

Au début du XXème siècle, un enfant noir de 5 ans de Djerba dans le sud de la Tunisie arriva en France dans une famille blanche du centre de la France.  Fut-il envoyé là-bas pour le protéger de la mortalité infantile ? Fut-il adopté ? Fut-il « vendu » ? Je ne le sus jamais.

Bond dans le temps jusqu’au début des années 60. Mon grand-père travaille comme chauffeur personnel du Bey, gouverneur de la région de Tunis. Il s’arrête à un bar, où quelqu’un le hèle : « Quel est votre nom? Ah bon! C’est marrant car je connais quelqu’un avec le même nom en France et il vous ressemble en fait. Il travaille pour la mosquée de Paris. Vous devriez vraiment le contacter ! »

C’est comme cela que mon grand-père est rentré en contact avec son frère ainé – entretemps devenu un  citoyen français bien intégré – dont il n’avait jamais entendu parler.  Il lui dit : « il y a un tas d’opportunités ici à Paris. Tu devrais t’installer avec toute la famille ». Après quelques mois de réflexion et quelques maux de tête administratifs, toute la famille Essadis (mes grand-parents avec ma mère et ses sept frères et soeurs) est venue s’installer  à Gennevilliers dans les Hauts-de-Seine. A l’étage du dessous, dans le même immeuble, une famille d’ouvrier français  se débrouillait dans le plus pur style working-class des 60’s. De bons voisins, les liens se sont resserrés. Mon père a sympathisé avec un oncle maternel qui l’a ensuite présenté à ma mère. Le reste est de l’histoire. L’histoire de mes deux noms de famille.

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